mercredi 18 novembre 2015

Un jour comme si de rien n’était

17.11.2015 
Deux jeunes filles entrent dans le wagon. Je ne les vois pas mais je les entends très bien tellement elles parlent fort. Elles demandent si les places qu’elles convoitent sont libres. À leurs voix enjouées et un léger accent, je me dis qu’elles sont ouvertes sur le monde, enthousiastes, baroudeuses. Elles engagent la conversation avec les deux personnes âgées assises en face d’elles. Elles racontent qu’elles sont australiennes. Elles rient beaucoup. Puis petit à petit elles mènent la conversation. Cela commence tout innocemment avec une réflexion sur Noël et le fait qu’elles aimeraient voir la neige. Dans mon coin, je me dis : « Bon courage ! Cette année avec un mois de novembre aussi doux et pratiquement aucune pluie, ça m’étonnerait que vous la voyiez à Noël ». Elles en arrivent à parler famille. J’entends les vieux parler de leurs petits-enfants. Je pense qu’ils montrent une photo en entendant l’exclamation « Oh comme ils sont mignons ! ». Et finalement, la conversation prend une tournure qui me glace un peu. Une des jeunes filles demande innocemment : « Je peux vous poser une question un peu personnelle ? À quoi croyez-vous ? Est-ce que Dieu existe ? » C’est la vieille dame qui répond : « Oh oui, bien sûr. Je crois que tout le monde a le même Dieu. » Ensuite, elles commencent à parler Bible et Coran. Là les voix se font moins audibles et je ne saisis pas tout.

On arrive à la gare suivante. Les deux jeunes filles se préparent à sortir mais juste avant de partir elles tiennent à offrir un petit cadeau au vieux couple. Je ne vois pas le présent mais à la discussion qui suit entre les deux personnes âgées, j’imagine bien un prospectus pour une église quelconque.

Je suis déçue. C’était trop beau pour être vrai. À leur arrivée j’ai vraiment cru à cette fable d’échange amical et désintéressé de personnes partageant le même compartiment. J’étais même un peu jalouse de ne pas être plus communicative envers mes voisin.e.s. Finalement, elles cherchaient à embobiner et recruter.

J’imagine un monde sans religions… ou plutôt un monde où il serait possible qu’elles foutent la paix à ceux qui n’en veulent pas, ne croient pas…


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